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Publié une première fois en 1855, revisité et enrichi durant trente ans, "Leaves of Grass" de Walt Whitman est un des chefs d'oeuvres de la poésie américaine. Pourquoi vous tenir la jambe avec un poète jugé trop Américain par ses pairs français, trop libertaire par la puritaine Amérique ? Parce que le lire c'est se refaire une santé pardi ! Parce qu'il est d'une brûlante actualité ! Pour Withman, "l'acte poétique est par essence l'acte amoureux".*

La poésie de Withman est célébration. Célébration de l'autre, quel qu'il soit, homme ou femme, riche ou pauvre, Américain ou étranger... ("Every atom belonging to me as good belongs to you"). Célébration de la nature, célébration d'une sexualité libre hissée sur les fondements poétiques du sacré ("Je suis attendu par une femme"), célébration des corps libres et affranchis du péché...

Lire Walt le géant américain, avantgardiste du "work in progress", c'est se redonner l'envie de croire en la beauté du monde. Et n'est ce pas ce dont nous avons le plus besoin?

Extrait de "Song of Myself", ("C'est moi que je célèbre"), "I sing the Body Electric" ("Je chante le corps électrique"), fait partie des douze premiers poèmes publiés en 1855.

"Il y a, pour Withman, une musicalité sacrée du corps"... "La raison primordiale du dialogue est la transmission à d'autres que tout est voie, passage vers plus et plus grand que soi".*

* Extrait  de l'introduction de Jacques Darras dans  "Feuilles d'Herbe" Les cahiers rouges, Grasset.

 

 

 

 

Walt Whitman 

"Feuilles d'Herbe"

 

Les Cahiers Rouges

Grasset

Traduction Jacques Darras

 

in : "Je chante le corps électrique"

 

 

..."Sacré est le corps masculin comme est sacré le corps féminin,

L'individu quel qu'il soit, son corps est sacré - s'agit-il du plus humble de l'équipe des manoeuvres? 

S'agit-il de l'immigrant à mine obtuse à peine débarqué sur le quai?

Ici, n'importe où, ils sont à leur place tels qu'ils sont,

tout autant que l'homme riche ou que vous,

Chacun, elle ou lui, participe à la même procession.

(L'unique procession,

La procession de l'univers de vitesse parfaite et mesurée)

Dites, en savez-vous vous-même tellement que vous puissiez vous permettre d'appeler le plus humble ignare?

De quel droit estimeriez-vous avoir le droit d'avoir une bonne vue, et pas les autres.

Et alors vous pensez comme ça que la matière s'est solidifée à partir de nuées diffuses pour qu'il y ait du sol à la surface, que les rivières coulent et que les feuilles poussent,

Rien que pour vous, et pas pour eux, lui ou elle?"...

 

 

 

"Leaves of grass"

 

in: "I sing the Body Electric"

 

The man's body is sacred and the woman's body is sacred,

No matter who it is, it is sacred - is it the meanest one in the laborers' gang?

Is it one of the dull-faced immigrants just landed on the 

wharf?

Each belongs here or anywhere just as much as the well-off,

just as much as you,

Each has his or her place in the procession

(All is a procession,

The univers is a procession with measured and perfect motion.)

Do you know so much yourself that you call the meanest

ignorant?

Do you suppose you have a right to a good sight, and he or she has no right to a sight.

Do you think matter has cohered together from its diffuse 

float, and the soil is on the surface, and water runs and

vegetation sprouts,

For you only, and not for him and her?

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