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C’était sur France Inter, à l’occasion du Festival du livre à Paris. La radio avait invité deux écrivaines québécoises. Au Québec on tombe en amour. Pas besoin de sous-titre pour comprendre de quoi il s’agit. Les Belges, Suisses, Français, Sénégalais, et tous ceux dont le français est la langue, comprennent fissa. Et c’est beau, c’est savoureux, parce que pour tomber il est nécessaire de se lâcher la grappe. On a même le droit de « Tomber au ciel », comme dans la ballade méditative et poétique du chanteur Babx (lien ci-dessous).
Un jour, je me suis retrouvée assise par terre, en compagnie d’une Québécoise, une Suissesse, quelques Françaises et moi la Belge. Nous avions quatre façons de désigner un même objet. Pas besoin de sous-titre pour comprendre qu’un essuie est une serviette, une lavette un torchon. L’Académie française n’a qu’à bien se tenir.
Cette semaine, j’ai eu le plaisir de goûter à un tout nouveau répertoire de mots, grâce à un de nos petits-fils adolescent. Il m’a carrément appris ce que c'est que tchiller. Le verbe anglais "to chill", remplace avantageusement le farniente, la détente, la flemme, l'indolence...
Avantageusement, parce que c’est plus court et quand on tchill, plus court, c’est cool. Sauf que lui et ses potes ont ressenti le besoin d’ajouter un adjectif à ce verbe qui pétille agréablement sur la langue. Lui et ses copains tchillent peppouz ! Kesako ? On peut ne rien faire et s’emmerder, mais quand on tchill peppouz, on nage dans un bonheur tranquille, de courte durée ça va de soi, mais qui comme toute bonne chose, se savoure avant, pendant et après.
Prise d’un doute, je lui ai demandé comment il écrivait ce mot tombé de nulle part. Il a insisté sur les deux P et le Z final. « Tu comprends, ça rebondit mieux avec deux PP et si tu mets un E à la fin, c’est comme si... ». Je n’ai jamais réussi à savoir ce que le E risquait de faire à leur bonheur parfait. Rendons grâce au mystère.
Anna Blum
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