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annelauwersblum

La République des chiens

"J'espère que tu vas faire un truc sur les chiens!" M'a lancé celui qui partage ma vie depuis près d'un demi-siècle. Devant mon air dubitatif, il a insisté. Voici donc l'histoire de l'incroyable réussite de la race canine.

Il est un petit pays de soixante kilomètres de long sur six kilomètres de large, qui frange la belle mer du Nord, où les chiens sont devenus les maîtres, et leurs maîtres des esclaves.

Comment les canidés ont-ils réussi ce petit exploit sans verser la moindre goutte de sang ?

Si le chat est un animal lunaire, le chien est l’animal solaire par excellence. Dixit la très fine, très inspirée éthologue/philosophe Vinciane Desprêt, dont je vous recommande vivement la lecture.

Le chien vous aime d’un amour absolu. Vous vous levez le matin, il vous fait la fête. Vous décrochez sa laisse, il bondit de joie. Vous lui lancez un bâton, mille fois il vous le rapporte en frétillant de la queue. Alors pourquoi cette prise de pouvoir, pourquoi ce désir d'avilir l'animal qui a réussi l'exploit de se tenir à la verticale ?

Les chiens se vengent de l’inconsistance humaine. De cette frivolité qui les fait basculer sans crier gare de la béate adoration à l'abandon pur et simple de leur toutou le long des autoroutes ou ligoté à un arbre au plein milieu d'un bois.

Mine de rien, petits et grands clébards se sont glissés dans les poussettes des bébés humains, dans leurs charrettes accrochées aux vélos. Ils ont pris place à leur table, sur les chaises des enfants, et mangent dans leurs assiettes (sans couteau ni fourchette!). Suprême signe d’intelligence : ils ont décidé de faire un sort aux puérils sentiments patriotique/ royaliste/pharisien des deux-pattes, en hurlant à la mort dès que les cloches d’église se mettent à sonner (ce qui leur flanque le bourdon!), ou aux sons des sirènes des ambulances. L’homme avec qui je partage ma vie depuis un demi-siècle et moi-même, en avons entendu plus d’un s’égosiller jusqu’à ce que le charivari cesse.

L’avenir se dessine résolument optimiste. Pris au piège de l’amour aveugle, hommes et femmes, se laissent dorénavant guider par les besoins de leurs chéris, comme s’ils les avaient faits eux-mêmes. Longues promenades égal moins de gras abdominal, moins besoin de sucre, de sel et donc moins d’ambulances; de moins en moins de messes (les canidés n'apprécient plus les heures solitaires passées sur les canapés du salon, et le font savoir de façon concrète!) On en a même vu qui levaient la patte arrière gauche pour arroser les statues de rois en musant l’Internationale. Une vraie révolution culturelle inédite est à l’oeuvre, au nez et à la barbe des bonshommes et bonnes femmes qui continuent de croire qu’ils possèdent un clebs. Alors que ce sont les clebs qui les possèdent.

Texte et photos: AB

























1 commento


Marianne Nagi
Marianne Nagi
24 giu

Quant à moi j’ai quelques milliers de vers de terre dans ma cuisine.

Il va me falloir beaucoup d’heures de méditation pour comprendre (sentir ?) qui possède l’autre.

Leur espace est limité dans trois bacs superposés. Ça fait un demi mètre cube. Je ne sais pas s’ils s’en plaignent, puisqu’ils se multiplient allègrement, ils sont tout à fait silencieux, ils font leur travail de digestion à la perfection, ils me procurent engrais et amendement pour mes sols de jardin…

De mon côté je sélectionne leur nourriture, ( pas de fruits, ni viande, ni poisson, ni os, ni sauces) que je mélange avec du carton… (= déchets). Je peux même parfois attendre longtemps avant de m’occuper d’eux.

Libres dans la nature,…

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