Isis aime la couleur de ses yeux. Sa distraction aussi. Corentin oublie son manteau et ne prend que son écharpe. Il semble insensible au froid et ça l’épate. Elle adore l’entendre rire. Un rire revigorant dans lequel Isis affectionne de se perdre, qui lui ouvre la porte d'un monde invisible quelques pas à gauche du monde habituel. Elle lui trouve une beauté aristocratique à la hauteur du raffinement de son esprit. Qu’importent ses vêtements usés ! Cette nonchalance lui plaît. Elle y voit la preuve d’un désintérêt pour les choses matérielles, ce qui signifie gage de sérieux. Se méfier des apparences! L’habit fait rarement le moine et la mode est impuissante à faire éclore des sentiments profonds, durables.
Tout ceci l’encline à le séduire, l'attirer dans son lit, le baiser, glisser sa main entre ses cuisses et larguer les amarres avec lui. Mais son sens olfactif fait barrage : elle déteste son odeur. Quelque chose de vaguement menaçant qui aurait à voir avec un crime commis il y a deux ou trois siècles. Une couche d’inconscience, tartinée sur du désespoir, ou pire, l’émanation d’une âme insensible !
Je suis un mammifère pense-t-elle. La femelle ne choisit-elle pas son partenaire sexuel à l’odorat ? Mes glandes me protègent contre les prédateurs et les mauvais accouplements, se console-t-elle, parce que ni ma raison, ni mes yeux, ni mon coeur, ne sont capables de les reconnaître...
Texte et photo: Anna Blum
BabX chante Antonin Artaud
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