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"Je est un autre"

  • annelauwersblum
  • 13 mai
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 15 mai

L'intuition de Rimbaud


artiste Ivoirien, musée Abiidjan
artiste Ivoirien, musée Abiidjan

C’est D qui m’en parla la première. Elle se hâtait vers la médiathèque qui organisait une conférence sur le sujet. De ses brèves explications, je retins qu’il était question de cellules buissonnières dans le corps humain. J’avais pratiqué l’école buissonnière avec pas mal d’astuce et de mauvaise foi. Ma curiosité était donc teintée de suspicion. Imagine tes cellules se faire la malle ! Je filai à la librairie Mosaïque. Dès la couverture, la conférencière, Lise Barnéoud, journaliste scientifique indépendante, annonce le caractère stupéfiant de ses recherches :


Les cellules buissonnières

L’enfant dont la mère n’était pas née

et autres folles histoires du microchimérisme


Je ne vais pas vous résumer l’entièreté du bouquin (je ne suis ni scientifique, ni journaliste). Je peux toutefois tenter de vous partager mes plaisirs de lecture. En effet, Lise Barnéoud mène une véritable enquête policière à partir du début des découvertes du microchimérisme (1893!). Elle trace un parallèle malicieux entre les recherches scientifiques et les politiques anti-migratoires d’aujourd’hui, qui considèrent tout ce qui passe illégalement les frontières (cellules buissonnières versus migrants,) comme des perturbateurs de la vie sociale, alors que ces migrants (ces cellules) sont là pour faire le travail que nous ne daignons plus faire (soutenir notre système immunitaire, ou notre foie, notre coeur en cas de besoin, versus cellules buissonnières). Je me suis réjouie de son approche féministe qui jette un éclairage édifiant sur le domaine de la recherche scientifique, majoritairement masculine et malheureusement encore très misogyne (courage les femmes, ça change petit à petit!).

L’état actuel de la recherche est passé par différentes hypothèses et continue de bousculer les idées reçues. Ce que nous considérons, ressentons, comme étant un JE (notre ADN homogène et unique !), est en fait un kaléidoscope de différents ADN qui se baladent librement dans le corps, transmis par la mère in utero, via le placenta, mais pas que ! On découvre petit à petit que les transmissions d’ADN « étranger » au nôtre se font aussi par les greffes (ADN d’inconnus décédés), transfusions sanguines, et même… par les relations sexuelles ! En outre, nous nous baladons avec de l’ADN de nos mères, de nos grand-mères, d’autres ancêtres (via le placenta maternel), et celui de nos enfants !

Ces découvertes bouleversent les théories élaborées jusqu’ici sur le système immunitaire, ainsi que les applications judiciaires des tests ADN et tests de paternité. Pas étonnant que certains scientifiques réactionnaires et religieux essayent de justifier les théories anti-avortements, ou de renvoyer les femmes au foyer en brandissant des interprétations fallacieuses des dernières découvertes. Heureusement, l’étrangeté en nous ouvre aussi l’imaginaire ! Lise Barnéoud cite une phrase attribuée à Einstein : « L’imagination est plus importante que la connaissance. La connaissance est limitée, alors que l’imagination englobe le monde entier, stimule le progrès, suscite l’évolution ».

Les poètes sont forcément d’accord !

C’est en mai 1871 qu’Arthur RIMBAUD utilisa sa célèbre phrase dans une lettre à G. Izambard: ...« Je est un autre. Tant pis pour le bois qui se trouve violon, et Nargue aux inconscients, qui ergotent sur ce qu’ils ignorent tout à fait ! »...

Texte : Anna Blum


Totalement humain et cependant aussi oiseaux, les fameux chanteurs d'oiseaux!



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