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Isabelle des abeilles


C’était au début de l’hiver. La mouche, le jour elle se collait à la vitre au soleil côté salle à manger, le soir elle choisissait l’abat-jour de la lampe allumée du salon. Invariablement, l’homme dont je partage la vie depuis un nombre croissant d’années la glissait sur une feuille de papier et la transportait dehors, là où vivent les bêtes. Comme le chat de l’histoire, le lendemain matin elle était de nouveau là, au même endroit, se dorant la pilule au soleil, et le soir, à la lumière de la lampe. Intriguée par sa persévérance et son astuce, je l’observai de plus près. Elle était vraiment belle, fringante. Des ailes en dentelle si fine qu’elles n’avaient qu’un seul côté (comme les crêpes de la grand-mère de Julos Beaucarne), des antennes de compétition, une tête de E.T. Mes informateurs habituels étaient inaccessibles. L’un, perdu dans la poudreuse d’altitude, l’autre dans les eaux noires de lacs remplis d’oiseaux migrateurs. Le net ne me fut pas non plus d’un grand secours. Peut-être ne s’appelait-elle pas mouche, mais coléoptère, sphinx, papillon, abeille… ? À peine prononcé le nom d’abeille, la chanson « Isabelle des abeilles », du poète Marcel Kanche, me revint en mémoire. Isabelle des abeilles, ça lui allait comme un gant ! J’en restai là de mes recherches. La chanson, tu la trouveras à la médiathèque, sur le CD « Dix automnes sous les paupières ».

Pour les curieux et les curieuses, qui aiment la poésie, en voici une autre, qui n’illustre en rien mon histoire de mouche. À moins que...


PS. Si quelqu’un connaît son nom de famille, il n’est pas interdit de l’annoncer, j’en prendrai bonne note !

photo et texte: Anna Blum.



"Tu n’avais pas tout à fait tort, en ce sens qu’il existe bien une Isabelle (Actias isabellae), un magnifique papillon de nuit ! Mais voilà, ce que tu nous montres n’est ni un papillon ni une mouche. Petite consolation : cet Ichneumon est « presque » une abeille, en ce sens qu’il appartient, comme les abeilles, à l’ordre des Hyménoptères. Mais calmons-nous : il existe, rien qu’en France, 2940 espèces d’Ichneumonidés, et ces bébêtes ne sont pas des messagères de bonté. Elle pondent leurs œufs, un à un, sur d’innocentes créatures (chenilles, araignées, etc.) qui vaquent à leurs affaires et ne peuvent se débarrasser de ce « cadeau ». Ce « furoncle dans le dos » éclot, le petit ver grossit et, à terme, dévore son hôte, rien de moins, pour devenir la « jolie mouche » que tu nous propose !"

Philippe Haeringer

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