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uN pOt, POURRI DE feMMES

Valérie ROSS

Illustrations (collages), de Jack Ross

 

 

Le cahier m'est arrivé au détour de plusieurs mains amies. Celui qui me le destinait se doutait bien que les treize petits portraits de femmes "d'une incorrection qui frise l'abjection!", me réjouiraient! Ce qu'il ignorait est que Valérie Ross est née le même jour du calendrier et au même endroit que moi. Toutefois, de dix-sept ans ma cadette, elle est morte à Cuba à l'âge de trente-et-un an. Ce fait, je l'avoue, m'a touché. Je n'en sais pas beaucoup plus sur elle, rien de ce qui la concerne n'ayant atterri dans la toile du web.

Comme elle le dit elle-même dans l'introduction de son livre: "En dépit des apparences, ce livre tend à prouver (quelquefois à son détriment), que la femme est toute en nuances. Il y en a pour tous les goûts et pour toutes les tailles. Un pot, pourri de femmes...

Des treize portraits, j'ai choisi "la passionnée", celui qui a sa préférence, ainsi que la mienne! 

 

 

La passionnée

 

À quoi bon l'amour avec un grand « A », si l'on peut avoir la passion avec un grand « P ».

À l'instar de l'amour, qui est un feu, certes, qu'il faut sans cesse entretenir ; la passion, elle, est fulgurante, dévastatrice, troublante comme une amnésie soudaine. « La passionnée » fait partie de la race des seigneurs !

Elle passe et trépasse dans nos cœurs et dans nos vies à la vitesse d'une étoile filante, nous laissant dans la bouche un goût sauvage, animal.

On a rarement vu une amoureuse aussi sincère, aussi vicieuse et aussi vierge !

Elle n'a pas de port et pas de repères... « la passionnée » : elle suit son instinct, naturellement.

Mais, qui est-elle ?

C'est vous, c'est moi, c'est la bête qui rejaillit, c'est la petite flamme sourdant en chacune de nous qui s'allume en un incendie incontrôlable. Chaud, frénétique, gourmand, joyeux ; et qui laisse le corps dans un état proche de l'immatérialisme, de l'invisible.

Oui, « la passionnée » laisse agir ses pulsions.

Pas raisonnable, elle risque de s'embraser à tout moment.

Ne lui résistez pas, oh non, ne lui résistez pas !

C'est elle... la FEMME !

Elle seule peut réveiller vos tripes anesthésiées, vous fasciner plus que la pureté même, vous laisser dans un désarroi qui s'apparente en ligne directe avec le bonheur, l'extase !

Elle n'a rien à voir avec le « coup de foudre », car c'est d'une femme mûre que naît « la passionnée", d'une femme qui a quelque peu cessé de rêver.

Son profil corrobore celui d'une femme chargée d'amour et de plaisirs sensuels, de volupté, d'oubli.

Elle prend en sa demeure votre corps et votre âme. Vous transfigure, vous translate dans une autre dimension. Une dimension d'où le vulgaire est exclu, où seule règne la virginité de sens.

Hep, pincez-moi les mecs, j'mégare !

Bien sûr, « la passionnée » ne va pas vous tomber dessus comme un plat de nouilles dans l'assiette d'un affamé.

Il faut la solliciter, l'instiguer, la désirer, la respecter tout en n'essayant pas de l'apprivoiser.

C'est une FEMME dans tout le sens ambigu du terme !

Éphémère comme une immense joie, aussi rare que précieuse, miraculeuse.

Elle est lucide et vous désire l'espace d'une fugue transparente de son corps conjugué au temps de l'abandon.

« La passionnée » est tout sauf une propriété privée.

Elle engendre la résurgence de l'esprit, comme un voyage dans le très très lointain.

Elle est l'instinct dans une sculpture de chair.

N'ayez pas peur, laissez-vous aller, elle ne mord pas, elle caresse...

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