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Petit petit

 

 

 

 

 

 

 

Pétrie de sagesse populaire, ma bonne-maman n'avait de cesse de me mettre en garde: "Ce sont les petites bêtes qui mangeront les grosses. Ma petite Ophélie, regarde donc où tu poses les pieds !" Oui, il est temps que je lève le voile sur une particularité bizarre rapport à ma personne.  À court d'idées, mes parents  retournèrent purement et simplement le nom de ma soeur quand je vins au monde. Marianne devint ainsi Anne-Marie. L'intérieur du poulpe retourné comme un gant. Refusant de figer mon histoire sous des auspices funestes, un employé municipal laissa opportunément tomber le trait d'union de mon nom lors d'une manipulation informatique. Il ne me resta donc plus que la moitié du contraire. Moitié moins douée de raison, sans doute, mais pas moitié moins pêchue pour autant ! Une cascade de bienfaits découla de cette distraction heureuse. Chacun se trouva enfin libre de me renommer selon son choix, sa préférence, ses croyances, religieuses ou pas. Anne devint ainsi Annie, Arsène, Fientj (par analogie avec un dauphin mort retrouvé sur une plage frisonne), Babette, Girouette, Tchafette... Ma bonne-maman, qui adorait Shakespeare, me baptisa pour sa part Ophélie.

D'accord direz-vous, mais bon, c'est tout de même plutôt l'inverse qui s'annonce. L'humanité se nourrira d'insectes, qu'est ce que tu crois ! Bientôt  onze milliards à piétiner cette terre bourrée de bestioles. Criquets, charançons et autres termites : un formidable garde-manger pour les goinfres que nous sommes et de plus d'excellentes sources de protéines. 

Signé  Anna Blum.

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