top of page

Noël pour Petula

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un « Joyeux Noël » est tagué en grosses lettres rouges sur des blocs de béton bruts. Le J a dégouliné jusqu’en bas du mur, longeant par moment les joints irréguliers et hâtifs et à d’autres, éclaboussent la surface rugueuse des parpaings. Pour le reste : deux étoiles rouges au firmament de l'enceinte grise et granuleuse, qui filent vers l’inconnu.

Petula est affalée sur un vieux siège de bagnole qui lui sert de fauteuil Louis quinze (ou dix-sept, Petula ne se souvient plus du nombre de Louis que l'histoire a compté. Trop, quoi qu'il en soit, beaucoup trop pour sa pauvre cervelle percée de trous). Sa clope lui brule les poils du menton et elle jette le mégot dans le fond d'un verre de bière. Pour la dixième fois, elle relit l'article de journal, accompagné d'une photo d'elle, jeune et belle. « Le genre de femme à vous rendre cocu sous votre propre toit et venir ensuite se plaindre de la qualité de la literie ! » Ah ! Ça oui ! Exigeante elle l'avait été et tout au long de sa carrière ! Parce que le pognon tombait bingo dans la sarcelle en ce temps-là (escarcelle Petula, ne pas confondre avec le canard Petula, tu ne devrais pas t'en jeter autant derrière la cravate, Petula). Et vlan, aujourd'hui, plus un putain de kopeck à se mettre sous la dent... Mais, Petula se ravigote à la lecture de ce qui suit :

« Aujourd'hui, Petula vit retirée, à l'abri des regards indiscrets, de ces fouille-merdes de paparazzi. On croit savoir qu'elle va bien ». De lire qu'elle va bien, lui remonte à chaque fois le moral. Une sorte de cadeau inespéré sous le sapin pardi !  (même s'il n'y a pas le moindre bout de vert à dégotter dans sa piaule).

Dehors, des haut-parleurs diffusent "Jingel Bell" dans la rue principale et une foule pressée s’engouffre dans les magasins chauffés. Il fait glacial. C’est la veille de Noël.


 

bottom of page