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La transsubstantiation

Une belle revanche

 

Tâcheron à l'école Saint Sulpice, William était la tête de turc des élèves. Entre eux, les gamins l'appelaient « Grattecouille » en se bidonnant. La raison en était que sa main gauche, enfoncée à tout bout de champ dans la poche de son pantalon, s'affairait à un job en lien direct avec son entrejambe.

William n'avait pas grand’chose pour plaire. Aussi tordu que laid, il tenait autrui à distance par des effluves plus efficaces que les moucharabiés d’un village de vieux riches. Cependant il était aimable. Prêt à rendre service à qui s’enhardissait à l’approcher.

Ce jour-là, en mission courses pour la petite vieille du troisième de son immeuble, il se fit happer par une bagnole à l'angle de la Rue Violette et de la Rue Raccourci. William plongea illico dans un état strictement incompatible avec la continuité de la vie.

Transporté à la morgue, il se passa un évènement curieux. Certifié irrévocablement et gravement mort, ses cheveux et ses ongles se mirent à pousser à toute allure. Plus étrange encore : ses effluves corporels détestables se transformèrent en un parfum subtil et suave dans lequel on distinguait nettement les senteurs d’ambre et de vétiver.

Déclaré saint, il fût inhumé à côté de la châsse de l’évêque. Saint William...

Belle revanche pour Grattecouille !

 

 

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