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Cécile est née et a grandi en région parisienne. Le fait qu'elle porte le prénom de la Sainte patronne des musiciens, n'est pas dû au hasard ! À six ans, elle commence l'apprentissage du piano. À quinze, elle débute le saxophone. À 18 ans... elle est reçue aux Beaux-Arts de Paris ! Pendant ses études, de longs voyages au Pérou, puis en Espagne feront d'elle « quelqu'un d'autre ». En 2006, elle est invitée à Die par le Festival Est-Ouest. Après avoir vécu en Turquie, en Angleterre et en Hongrie, elle viendra s’installer dans le Diois avec son compagnon. C'est là que naissent ses deux enfants et qu'elle prend la décision de consacrer sa vie à la musique. En 2015, elle rencontre Yannick Loyer, chanteur et à deux ils créent le duo Gâmal.

Cécile Pagès 

photo: Tim Heider

La musique au coeur des choses

 

Anna Blum : Cécile, après une enfance musicale, tu t’orientes vers les arts plastiques et pas vers le conservatoire de musique, c’est surprenant, non ?

Cécile Pagès : je suis passée par 12 années de conservatoire pendant mon enfance ! J’ai dû me conformer à la rigueur d’un apprentissage scolaire, y consacrer une grande partie de mon temps libre... J’ai appris à lire les notes en même temps que l’alphabet. Mon père m'a longtemps accompagné et guidé dans ma pratique des instruments. La musique est un langage, un outil de transcription. J'ai acquis une base solide dans le maniement de ce langage. Ensuite, j'ai du tailler mon chemin à travers les ronces et les broussailles de la discipline, pour aller vers ma propre lumière. À quinze ans, j’ai choisi de jouer du saxophone pour sa dimension sociale, sa gaieté, sa liberté, notamment dans le jazz. Dans mes souvenirs, en musique rien n’était jamais assez bon, tandis que la peinture m’apportait une liberté et la légèreté dont j’avais besoin. Je peignais avec ma mère et elle n’avait de cesse de m’encourager !

Sortie du lycée, j'imaginais travailler dans la communication visuelle ou le design. Après une année de prépa, j'ai présenté cinq concours dans cette filière, et deux concours aux Beaux-Arts de Paris et de Lyon. J’ai été uniquement reçue dans les deux écoles de Beaux-Arts, ce qui ne correspondait pas précisément à ce que j’attendais ! 

AB : tu as dû modifier tes plans, mais au final ce parcours a été positif ?

CP : ce furent cinq années intenses et riches, et aussi très difficiles. L’École des Beaux-Arts de Paris était encore la seule offrant une totale liberté dans la construction de son parcours. La part obligatoire restait symbolique, ce qui me laissait le loisir de passer beaucoup de temps à la bibliothèque et dans les musées. Créer sans contrainte représentait pour moi un défi presque insurmontable. En 3ème année, je suis partie au Pérou pour deux séjours d’au total six mois. Puis, j'ai étudié un trimestre à l'Université de Catalunya/Barcelona. C’étaient les premières fois que je voyageais seule à l’étranger et ça m’a permis de découvrir d’autres facettes de moi-même. Les 4ème et 5ème années, il m’a fallu mettre les bouchées doubles en matière de création d’objets. Dès la 2ème année, je m’étais intéressée au mouvement Fluxus qui jette des ponts entre arts plastiques, musique et littérature. Le silence et la performance y tiennent une grande place. J'ai rédigé un petit mémoire sur « Les partitions – écrire les sons, dessiner la musique ». Le lien entre musique et arts plastiques m’a beaucoup interpellé. John Cage fut une grande source d'inspiration. Je savais qu’au fond de moi les deux coexistaient et devaient pouvoir se rejoindre. Le voyage m’a apporté l’idée de créer à partir de la cartographie. L’espace, ramené à des signes écrits. En rentrant du Pérou, j'ai commencé à dessiner des « Explosions cartographiques ». Je traçais des lignes horizontales sur une carte, et reportais sur un papier-calque tous les signes (frontières, rivières, villages...) qui s’y trouvaient, puis je passais à la ligne suivante. Tout le contenu de la carte se retrouvait ensuite transférés sur du papier à dessin, comme une écriture primitive. Ces dessins, je les ai présentés sur des pieds à musique comme s'il s'agissait de partitions. L’installation comprenait des imperfections et restait fragile dans son équilibre. Deux dimensions qui caractérisaient mon travail de l’époque et disaient quelque chose sur mon questionnement intérieur ! 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

AB : après les « Explosions cartographiques », d'autres créations en lien avec la musique ?

CP : à la fin de ma dernière année d'études, j'ai été invitée par le Festival Est-Ouest à Die pour une rencontre de jeunes artistes d'Europe et du Caucase, autour de la Citoyenneté Européenne.  J'y ai rencontré Vazo, artiste arménien vivant à Recoubeau, qui m'a envoyé quelques mois plus tard participer à la Biennale Internationale d'Art Contemporain de Gyumri, sa ville natale. Là, je me suis initiée à l’écriture arménienne ainsi qu’à l’ogam, un alphabet gaélique primitif, constitué essentiellement de traits et de ronds, comme la notation musicale. J’en ai rempli plusieurs cahiers, de façon à en assimiler la gestuelle et j’en ai tiré d’autres créations de fins d’études.

AB : durant toutes ces années, tu as continué à jouer du piano ?

CP : j'ai toujours fait de la musique ! Je jouais à cette époque beaucoup de piano, Philippe Hersant, Bartok, Chostakovitch, et Bach. Pour une des créations qui m’ont valu mon diplôme, j’ai réalisé deux vidéos avec chacune respectivement une main, interprétant un prélude de Bach. Jouer ce prélude que je connaissais si bien, alternativement à la main droite, puis à la main gauche, s’est révélé une performance étonnamment difficile ! 

AB : on entendait la musique des deux mains ensemble ? 

CP : non, la projection était muette. On pouvait écouter l'image vidéo avec les deux oreilles, ou choisir d'en regarder l'une ou l'autre. Ce diplôme silencieux contenait tout un monde de références musicales ! 

AB : après ton diplôme, tu as repris les voyages ?

CP : au festival Est-Ouest, j’avais rencontré Mehdi, mon compagnon actuel. Il avait obtenu un contrat de six mois en Géorgie en tant que professeur de français-langue étrangère. Je l’ai accompagné pendant un mois et demi. En revenant, je me suis arrêtée un bon moment en Turquie. Je savais que j’y retournerais, parce que j’avais postulé au Service Volontaire Européen et j’avais reçu une réponse enthousiaste pour Istanbul. J’y ai travaillé dans un centre d’éducation public pendant 6 mois. J’assistais les enseignants dans les cours de français, espagnol, dessin, théâtre, piano. En parallèle, j’apprenais le turc, le saz (instrument traditionnel à cordes et à frètes, avec des quarts de tons), la céramique, la broderie. Je chantais dans deux chorales. J’ai découvert un autre univers musical, et une manière de dessiner la mélodie inédite pour moi ! Après l’hiver 2008 à Istanbul, j’ai passé un été pluvieux en Angleterre, où j’étais engagée en tant que saxophoniste, avec la fanfare des Beaux-Arts dont je faisais partie, dans un petit cirque international. Entre temps, Mehdi avait été muté pour deux ans en Hongrie et il m’a proposé de venir le rejoindre. On était très amoureux et comme je n’avais plus rien de prévu, j’ai accepté l’invitation.

 

AB : comment s’est réalisée ta « conversion » complète vers la musique ?

CP : après la Hongrie, on s'est posés à Crest avec beaucoup d’envies, de rêves, beaucoup de questions ! Si la musique constituait pour moi une évidence, arriver à en vivre professionnellement était une autre paire de manches ! Mehdi a eu ensuite un poste à Saint Julien en Quint. Notre premier enfant est né, et deux ans et demi après, le deuxième. J’ai compris alors que la musique représentait l’essence, le cœur de ma vie, et j’ai décidé d’en faire ma priorité. Deux jours plus tard, Yannick Loyer me téléphonait pour me proposer de nous rencontrer, parler musique et chant, et construire un projet ensemble.
AB : Yannick te connaissait en tant que musicienne jouant du saz ?

CP : c’était un coup de fil étrange ! J’étais surtout connue dans le Diois en tant que maman... J’ai été très impressionnée par notre première rencontre. Très méthodique et extrêmement bienveillant, Yannick m’a témoigné une sorte de confiance inconditionnelle. On a décidé de répéter ensemble toutes les semaines et en Juin 2015, notre duo Gâmal donnait ses premiers concerts ! »

 

AB : tu as tout de suite commencé à chanter en plus des accompagnements instrumentaux ?

CP : ça s’est fait progressivement. J'avais déjà goûté au chant, mais pas à la voix. Aujourd’hui, je me nourris en allant à des stages du Roy Hart en plus de travailler le chant avec Yannick. Je suis pleine d'une énergie singulière que j'aime explorer et transmettre. Pour la première fois de ma vie, j’ai l’impression d'être vraiment sur mon chemin. Les choses sont fluides et justes ! Et quand je repense à toutes ces années avec du recul, je me dis que ma voie, c'est tout ça, avec ses hauts et ses bas, ses difficultés et ses joies. 

 

Cécile joue dans le duo Gâmal et transmet sa passion en co-animant la chorale « Entre Mers » avec Yannick (Die), en plus d'ateliers, stages, accompagnement d'artistes et demandes individuelles...

Contactez-la pour plus de renseignements !

Cécile Pagès : 06 41 54 33 67

 

Lien vers le site de Gâmal:  http://gamal.fr/fr_FR/

Photo arrière-plan: Maud Syssoïeff

À ceux qui seraient intéressés par la musique et les arts plastiques

 

« Expérimentez l’espace du silence et la qualité du vide avant et après la création !

Écoutez et contemplez attentivement, exercez-vous à un regard bienveillant envers vous-même et vos pratiques. En amont, avant toute réalisation concrète, donnez du temps à vos idées afin qu’elles puissent maturer, se développer. Enfin, l’émerveillement pour la beauté et la justesse qui émane de la vie, nourrit le quotidien ! »

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